Noël murmura à Eulalie, la bouche collée à l’oreille : « laisse- moi m’occuper de tes lèvres : je serai doux ». Et là, elle fondit, complètement.
Elle le repoussa un peu. Elle voulait pouvoir le regarder. Elle allait s’habituer à ses élans à lui. Il fallait juste lui laisser du temps.
Ils s’écartèrent l’un de l’autre. Il y avait plein de questions dans les yeux de l’homme. « n’était- elle plus d’accord pour le programme de ce WE ? ».
Il lui murmura, la bouche collée à l’oreille : « laisse- moi m’occuper de tes lèvres : je serai doux ». Et là, elle fondit, complètement. Elle imaginait les scénarios qu’il lui envoyait de temps en temps. Le temps qu’il mettrait à la déshabiller mentalement, à la parcourir juste avec les yeux. Les mots qu’il lui dirait, le feu qui montait de manière insidieuse mais très insistante entre ses cuisses… Ce n’était jamais que des choses écrites sur du papier vergé. Cependant, il était clair qu’il avait déjà largement songé à l’art et la manière de s’y prendre pour qu’elle soit très réceptive et très excitée. Le temps, la patience étaient de parfaits moyens pour l’amener au paroxysme du désir.
Lentement, elle entrouvrit la bouche. Il y glissa sa langue. Puis il commença de mordiller sa lèvre inférieure. Elle avait un goût de framboise. Le gloss, très certainement. Elle ferma les yeux et se laissa submerger par cette morsure. Elle se sentait comme soulevée par un grand frisson : elle était dans ses bras, serrée contre lui. Leur proximité fit qu’elle sentit, contre son ventre, l’érection de l’homme. Elle n’en fut pas mortifiée ni choquée. Elle savait qu’il était très sensible à ce qu’elle lui écrivait, même si, pour elle, c’était toujours du « léger ». Dans ce qu’il lui livrait, il ressortait nettement qu’il aimait le genre de femme qu’elle était, autant physiquement qu’intellectuellement. Elle n’avait pas « besoin d’être initiée » comme il l’avait déjà fait avec d’autres jeunes personnes. Non, c’était plutôt le fait de protéger une petite chose fragile, de vouloir lui faire franchir certaines limites, oser ces choses pour se donner du plaisir.
Leur étreinte ne dura pas longtemps. Ils se séparèrent à nouveau. Ils voulaient se regarder, retrouver ce qu’ils savaient l’un de l’autre. Elle, son corps musclé, svelte. Lui, le fait qu’elle soit très menue… Et là, il plongea ses yeux dans les siens. Des saphirs, d’un bleu pâle, si pâle, délavé. Sa tenue était de la même couleur. Maintenant qu’ils étaient plus proches l’un de l’autre, il voyait la bretelle de son soutien- gorge un peu lâche, qui descendait sur son épaule hâlée par le soleil du sud. Elle savait qu’il aimait la lingerie blanche… Il y avait deux petits nœuds cousus à la bretelle. Ils étaient d’un rose tendre, bien plus pâle que le gloss qui donnait à ses lèvres l’aspect de petits fruits d’été mûrs à point. Il imaginait comment devait être le string. Elle lui avait dit qu’elle ne portait que rarement autre chose. Et il savait qu’elle assortissait toujours ses sous- vêtement avec soin. Elle était adorablement délicieuse à regarder. Il avait envie de plonger ses mains dans les cheveux blonds de la jeune fille. Il avait envie de jouer avec eux, de les faire glisser entre ses doigts. Ils avaient la couleur du sable… De son côté, elle faisait pareil. Il lui avait bien envoyé une photo, une seule. Sur celle- ci, il portait des lunettes de soleil. Il avait l’allure d’un quadragénaire. Ses mains étaient massives, comme pleines de force. Mais douces. Il donnait l’impression de profiter de la vie : pas les excès, non, juste l’appétit, l’enthousiasme.
Il empoigna la poignée de sa valise à roulettes et lui fit signe. « On va prendre un taxi: ça ira plus vite. Mais après, si tu veux, on peut aller… se promener ?... ».
Elle fut sensible à la proposition, même si, dans le fond, elle espérait qu’il ait envie de s’occuper d’elle. Elle attendait cela avec impatience. Même s’il ne lui avait pas expliqué comment il s’y prendrait, elle était certaine qu’il était très attentionné, très prévenant pour lui prodiguer du plaisir comme elle n’en avait jamais éprouvé. Jusqu’où les mèneraient leurs « petits jeux » ? Y avait- il vraiment de l’amour entre eux ?
Trajet en taxi qu’une trentaine de minutes. Il reprit de manière courtoise la valise de la jeune fille. Ils sentaient tous deux que l’envie commençait de grandir vraiment. Auraient- ils la patience d’attendre la fin de l’après- midi, ou le soir ? Ils arrivèrent donc à l’appartement du monsieur. Il se situait dans un immeuble de style art nouveau. Une grande porte pour y entrer. Un escalier dans un grand hall. Premier étage. Ils prirent l’ascenseur. Celui- ci les mena tout de suite dans le grand appartement : il n’y en avait qu’un par étage. C’était un endroit assez luxueux. Elle fut étonnée de voir un grand piano quart queue trôner dans la pièce à vivre. Le soleil jouait sur le couvercle. Il y avait de grandes fenêtres. Le reste, c’était une petite cuisine super- équipée, avec un coin à manger, une chambre et une salle de bain y attenant. Il lui dit de déposer sa valise sur le lit. Il lui demanda ce qu’elle souhaitait faire…
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